jeudi 21 août 2014

Parades chez les Cigales

C'est l'été!
Si si encore un peu quand même...
Et l'été c'est le temps du soleil, des suds, des cigales, de la lavande... et d'Arles.
Cette année les rencontres photographiques de la ville, intitulées "Parades",
 sont à un petit virage de leur histoire.
D'abord parce que François Hébel, qui les a dirigé durant quinze ans, réalise sa dernière édition,
 ensuite parce que les conditions des intermittents du spectacle ombragent tout de même un peu les rencontres (même s'il ne fait pas aussi sombre qu'à Avignon)...


Mais aussi parce que le parc des Ateliers, anciennement prêté par la SNCF, n'est plus!
 (du moins ce qu'il était) les locaux ayant été vendus...snif snif.
Le parc des Ateliers c'était tout de même, à mon sens, le clou des rencontres,
 un espace unique où se mélange l'actuel et le délaissé, le décrépis et le léché,
 l'ancien et le contemporain.Adieu donc petit parc, adieu...

Afin de pallier à cet espace perdu la ville prête aux rencontres le "bureau des Lices", étrange lieu de couloirs sombres, si sombres qu'on y observe les ouvrages à la torche...


Ici on s'intéresse principalement à l'histoire de la Chine, ses rapports avec le Japon, la propagande, le culte de la famille, de l'enfant unique...au travers de livres anciens, sélectionnés par Martin Parr entre autre, plus étranges les uns que les autres...
je crois d'ailleurs y avoir trouvé l'ancêtre de Wednesday Adams:


Au bout de quelques - trop peut être? - dizaines de salles sur l'empire rouge, on abouti à un espace rendant hommage à la femme fantasmé des colonies, travail De Safia Belmenouar, réunissant des cartes postales anciennes (1900/1930) représentant l'indochinoise ou la mauresque rêvée de l'homme blanc. 


Autre femme mystère: l'Arlésienne, dont Christian Lacroix esquisse une histoire, au travers les photographies d'habitantes de la ville, les scans de son artiste fétiche Katerina Jebb, mais aussi de très belles photos de Grégoire Alexandre:


Toujours en quête d'identités, Denis Rouvre interroge des hommes et des femmes sur leur définition personnelle du mot "identité" et de la notion "d'être français".Une très belle série de portraits humains projetés sur les pierres de l'église Saint-Blaise, accompagnés des voix off des interrogés.



Des identités toujours, en masse même, sur les très jolies mises en mur des photographies de groupes collectionnées méticuleusement par W.M Hunt. Des ouvriers, des soldats, des réunions d'associations...tout, tant qu'il y a de la foule!


Et la découverte d' un petit ovni parmi cette foule de photographies: le travail de Mazaccio et Drowilal (lauréats du prix BMW au musée Nicéphore Niepce) deux compères sortis tout droit d'un clip sous acide ou d'un conte kitch, au choix...
Leur concept: retravailler, associer des images qui existent déjà pour recréer un univers pop et décalé. Le tout avec beaucoup d'humour...et ça fait quand même du bien!


Même le chien était scotché devant le sopalin agricole géant...


Autre prix, celui de la découverte, attribué à Ketchun Zhang et ses photographies sur le fleuve jaune.
Des images presque irréelles qui semblent flotter dans un espace temps immobilisé.


Dans le même esprit, les images de Nadav Kander, vestiges pastels effondrés à la frontière entre la Russie et le Kazakhstan


Toujours au parc des Ateliers, et dans le cadre de la rétrospective du prix Pictet, j'ai découvert aussi le travail de l'américain Mitch Epstein, ou comment recadrer notre vision urbaine en plaçant l'arbre au coeur de la ville



Bon, il y a tellement à découvrir à Arles que je ne peux pas vous parler de tout!
Et puis j'espère que vous trouverez un petit week end pour retrouver le soleil de Camargue, vous avez jusqu'au 21 septembre...

Aller, un dernier pour la route, un ludique et coloré, même si son sujet de fond l'est moins:
Le travail de Patrick Willocq, présenté par Azu Nwagbogu (dans le cadre du prix découverte) sur les femmes pygmées Walé du Congo.
Des mises en scènes théâtrales qui traduisent les rêves, les sensations, les envies de ces femmes lorsqu'elles sortent de leur réclusion, rituel qui consiste à isoler les jeunes mères venant d'accoucher de leur premier enfant, parfois pour plusieurs années...



Ce qui est chouette à Arles, quand on a fini sa journée d'exposition, à l'heure du pastis au soleil, c'est qu'on découvre encore de belles choses, même dans la rue...



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